L’utilisation de l’amphore pour le vin est certes une pratique ancienne, mais qui revient en force de nos jours. Elle puise ses origines dans l’Antiquité la plus reculée. On en retrouve la trace en Géorgie (des amphores ont été retrouvées datant du 4ème millénaire avant JC), puis chez les grecs et les romains qui en répandront la pratique dans tout l’Empire jusqu’à ce que l’invention du tonneau (moins fragile, moins poreux et contenant des tanins) ne vienne supplanter l’utilisation de son aîné.
Pourquoi donc observe-t-on aujourd’hui un regain d’intérêt pour ce type d’élevage naguère tombé en désuétude ? Pour les vignerons, s’inscrivant comme moi dans des pratiques proches de la biodynamie, cette méthode archaïque tend à se populariser. Cela est en partie dû à la recherche d’un matériau plus neutre que le bois qui sublime avant tout l’expression du terroir et du cépage.
A contrario de leurs ancêtres, les amphores d’aujourd’hui sont devenues des contenants techniques qui jouissent du savoir-faire conjugué de potier et d’ingénieurs spécialisées dans l’industrie de la céramique. Cela me permet de travailler avec un outil adapté à mes vins et aux résultats que je veux obtenir sur ceux-ci.
J’observe trois principales qualités apportées à mes vins par les amphores en grès que j’utilise :
Une élégance de la matière s’exprimant par des tanins soyeux
La porosité du grès reste maîtrisable. Je peux cependant opter pour une micro-oxygénation plus ou moins forte de mes vins selon le temps de cuisson de l’amphore. Ces échanges gazeux entre le vin et l’air vont favoriser le travail des tanins qui en bouche vont donner cette texture veloutée.
Un mouvement accru, gage d’un éclat aromatique du vin
La forme a également son rôle : la courbe va permettre un mouvement lent des lies. Le vin vit dans son contenant dont la forme les empêche de se déposer lui conférant ainsi rondeur, gras et complexité. De plus, la zone de contact avec la paroi est sans cesse renouvelée, ce qui permet une homogénéité du travail.
Une inertie thermique pour favoriser le fruit
La température à l’intérieur de l’amphore est stable et fraîche. Cette inertie thermique prévient les changements de degrés afin d’assurer un vieillissement lent et harmonieux, favorisant le fruit dans ses arômes.
Dans mon cas, je constate que ma syrah en macération carbonique, élevée en amphore, s’exprime à son plus haut potentiel. Ses arômes et sa matière sont, tout à la fois, riches et subtils ; la matière est comme de la soie et malgré des arômes complexes et puissants, le vin est d’un raffinement extrême, propre à être bu dans l’immédiat.
Pour les amphores, nous travaillons avec l’entreprise Biopythos située à Limoges, capitale de la céramique française. Cette entreprise valorise un savoir faire ancestral sur la céramique industrielle de limoges afin de s’adapter à la demande des vignerons croissante en quête de pureté aromatique.